Commentaire de marché - Novembre 2025

🌏 Introduction Générale : une volatilité persistante entre incertitudes monétaires et repositionnement sur l’intelligence artificielle

Les marchés financiers sont restés très volatils en novembre, toujours guidés par deux thèmes dominants : les interrogations sur le calendrier de baisse des taux par la Réserve fédérale américaine (FED) et la valorisation des acteurs de l’intelligence artificielle.

L’euphorie initiale des actifs risqués à la suite de la publication des excellents résultats financiers de Nvidia a en effet été de courte durée. Bien que le boom des dépenses d’infrastructures dans les datacenters devrait se poursuivre l’année prochaine, il est probable que nous nous dirigions vers une phase plus mature du cycle d’investissement, ce qui pourrait entraîner un examen plus minutieux de la part des investisseurs. 

Les actions mondiales ont finalement clôturé le mois sur une performance quasiment stable (en euros), avec une légère surperformance des marchés européens, portés notamment par l’espoir d’une avancée diplomatique sur le dossier ukrainien.

🇺🇸 États-Unis : paralysie budgétaire historique, refroidissement brutal du marché du travail et prudence accrue de la FED

L’annonce d’un accord entre un groupe de sénateurs démocrates et républicains visant à mettre fin à la plus longue paralysie gouvernementale de l’histoire du pays a mis en lumière l’impact économique non négligeable de ce blocage. Les premières estimations suggèrent que la croissance américaine pourrait avoir été amputée d’environ 1 % sur le trimestre.

Cependant, les dernières statistiques confirment la résilience de l’activité, malgré un net ralentissement du marché du travail. Le secteur privé a détruit 32 000 emplois en novembre, alors que les analystes anticipaient encore une création de 10 000 postes. Cette baisse soudaine, après un mois d’octobre relativement solide, témoigne d’un essoufflement de la dynamique de l’emploi dans un contexte d’incertitudes budgétaires. L’indicateur ADP, bien que moins fiable traditionnellement, a pris une importance particulière depuis la dégradation de la disponibilité des données officielles. Sur un an, le taux de chômage est passé de 4,1 % à 4,4 %, soit près de 700 000 personnes supplémentaires sans emploi depuis septembre 2024, ce qui pourrait à terme peser sur la consommation et la confiance des ménages.

Les ventes au détail n’ont d’ailleurs progressé que de 0,2 % en septembre, marquant un ralentissement significatif par rapport aux mois précédents. La confiance des consommateurs a également reculé, passant de 94,6 en octobre à 88,7 en novembre. Le Beige Book de la FED fait toutefois état d’une croissance encore robuste, avec une projection de 4 % annualisés pour le dernier trimestre 2025 selon la Fed d’Atlanta, même si le marché de l’emploi se fige progressivement, davantage alimenté par des remplacements et des gains de productivité liés à l’IA que par de nouvelles créations nettes.

Dans ce contexte, la Réserve fédérale américaine (FED) a opéré une baisse additionnelle de ses taux directeurs et Jerome Powell à maintenir un discours prudent, laissant beaucoup de flexibilité pour l’évolution future de la politique monétaire.

🇪🇺 Zone euro : un climat politique fragile mais une activité réelle encore soutenue par les services

En Europe, les inquiétudes budgétaires en France et les tensions persistantes au sein de la coalition allemande accroissent le risque politique. En Allemagne, le refus de dix-huit députés affiliés à Friedrich Merz de soutenir une réforme des retraites met en péril une majorité déjà très étroite. Une intensification de ces dissensions fragiliserait davantage la mise en œuvre du plan de relance allemand, alors que les délais actuels demeurent déjà particulièrement longs.

Sur le plan économique, le PMI composite signale une croissance de l’activité pour le sixième mois consécutif, atteignant 52,8 en novembre. La vigueur du secteur des services, notamment en Espagne, en Italie et en Allemagne, compense toujours la faiblesse persistante de l’industrie, tandis que la France reste en retard.

Les minutes de la Banque centrale européenne confirment une posture d’attentisme : les taux en vigueur sont jugés suffisamment restrictifs pour absorber les chocs actuels, et la faiblesse de l’inflation ne justifie pas une action immédiate. La BCE met en garde, en parallèle, contre le risque de ventes potentielles d’obligations à long terme liées à la réforme du système de retraites néerlandais, un facteur susceptible de peser sur les marchés obligataires européens.

🇨🇳Chine : un ralentissement manufacturier mesuré, des ambitions diplomatiques renforcées et une relance toujours très contrôlée

En Chine, l’activité manufacturière a légèrement reculé en novembre, avec un indice PMI à 49,2, en dessous des attentes. Le PMI non manufacturier s’est également affaibli, passant de 50,1 à 49,5, pénalisé par la faiblesse persistante de l’immobilier et des services. L’indice manufacturier RatingDog China s’est établi à 49,9, sous les prévisions également. Malgré cela, les autorités jugent toujours l’objectif de croissance annuelle de 5 % atteignable, ce qui limite la probabilité de nouvelles mesures de relance d’ampleur à court terme.

Sur le plan diplomatique, Xi Jinping et Emmanuel Macron ont réaffirmé leur volonté de renforcer leur coopération sur plusieurs dossiers stratégiques, notamment la guerre en Ukraine et le commerce international. Parallèlement, la Chine a délivré sa première série de nouvelles licences d’exportation de terres rares, un signal révélateur de sa volonté de consolider son contrôle sur un secteur stratégique tout en ajustant sa politique industrielle.