Conjoncture mondiale : entre ajustements monétaires et incertitudes politiques
L’économie mondiale aborde la fin de l’année 2025 dans un environnement marqué par un léger regain d’activité mais aussi par de fortes disparités régionales. Aux États-Unis, la Réserve fédérale a initié un cycle d’assouplissement monétaire prudent, tandis que la zone euro poursuit une reprise encore inégale, freinée par des divergences nationales. En Chine, la croissance demeure contrainte par une faiblesse persistante de la demande intérieure et une contraction prolongée de l’industrie manufacturière.
Dans ce contexte, les marchés financiers restent sensibles aux décisions de politique monétaire et aux tensions géopolitiques, tandis que les gouvernements peinent à restaurer la confiance budgétaire et sociale. Sur le mois, les actions internationales ont enregistré une progression globale d’environ 5,0 % (en euros), portées notamment par les actions américaines, en hausse de 4,5 %, et par les marchés émergents, qui ont bondi de 8,5 %. À l’inverse, la performance des actions européennes a été plus modeste, avec les valeurs françaises en particulier qui n’ont progressé que de 2,4 % sur la période.
États-Unis : première baisse de taux effective
Le PIB réel américain a progressé de 3,8 % en rythme annualisé au deuxième trimestre 2025, soit 0,5% de plus que l’estimation précédente. Ce rebond, après une contraction de 0,5 % au premier trimestre, illustre la résilience d’une économie capable de surperformer malgré un contexte financier encore restrictif. La consommation des ménages – près de 70 % du PIB – a été révisée à la hausse, stimulée par les services et les biens durables, notamment l’automobile. Parallèlement, la forte baisse des importations a amélioré mécaniquement le solde extérieur.
Cependant, cette vigueur masque plusieurs déséquilibres : la progression des revenus réels ralentit, le crédit à la consommation se resserre et l’immobilier reste pénalisé par des taux d’intérêt élevés. Cette combinaison complexifie la tâche de la Réserve fédérale : si la robustesse de l’activité réduit la nécessité d’assouplir davantage la politique monétaire, la désinflation incomplète et la hausse modérée du chômage plaident pour la prudence.
La Fed a ainsi annoncé une baisse de 0,25 % de son principal taux directeur, désormais dans la fourchette de 4,00 %–4,25 %. Ce mouvement marque un tournant symbolique : après une longue période de stabilité, la banque centrale entame une phase d’assouplissement progressif. Jerome Powell a souligné que l’économie restait « résiliente », mais montrait des signes de modération, notamment sur le marché du travail. L’enquête ADP d’août fait état de seulement 54 000 créations d’emplois, contre 106 000 en juillet, bien en deçà des attentes (73 000). Les révisions à la baisse des mois précédents confirment un ralentissement durable de la dynamique de l’emploi.
Le Beige Book de septembre décrit une activité globalement stable, mais des entreprises hésitantes à investir et des ménages sous tension financière.
Sur le plan politique, la situation reste fragile : le shutdown fédéral déclenché faute d’accord budgétaire entre démocrates et républicains a entraîné la mise à l’arrêt partielle de l’administration. Environ 750 000 fonctionnaires sont sans solde, et de nombreux services publics (parcs, musées, contrôles sanitaires et environnementaux) tournent au ralenti. Si l’impact économique reste limité pour un blocage court, un épisode prolongé pourrait peser sur la croissance — l’exemple de 2018 ayant montré une perte de 0,3 % de PIB sur un trimestre. Ces crises récurrentes fragilisent la confiance des ménages et des investisseurs dans la gouvernance économique américaine.
Zone euro : reprise inégale et divergences nationales
L’activité économique européenne montre des signes de redressement, mais les disparités nationales demeurent fortes. Le PMI composite de la zone euro a atteint 51,2 en septembre, son plus haut niveau depuis mai 2024, signalant une croissance modérée. Le PIB 2025 est désormais anticipé à +1,2 %, soutenu par les dépenses publiques allemandes et les retombées positives de l’accord commercial avec les États-Unis.
Cependant, cette moyenne masque de nettes divergences : l’Allemagne bénéficie d’un redressement industriel, tandis que la France connaît une contraction de l’activité (PMI à 48,4) dans un contexte politique particulièrement instable. La crise institutionnelle s’est intensifiée avec la démission rapide de Sébastien Lecornu, devenu le seul Premier ministre de la Vème République dont le gouvernement n’aura jamais vu le jour.
La Banque centrale européenne (BCE) a, lors de sa réunion du 12 septembre, maintenu son taux de dépôt à 2 %. L’inflation, désormais à 2,1 % en août, s’aligne sur l’objectif à moyen terme. Christine Lagarde a néanmoins réaffirmé une approche « prudente et dépendante des données », soulignant la fragilité de la reprise et les risques liés aux tensions commerciales, à la force de l’euro et à la situation budgétaire française.
Chine : contraction industrielle persistante et efforts limités de relance
L’économie chinoise demeure confrontée à une faiblesse structurelle de la demande intérieure et à une contraction prolongée de son industrie. Le PMI manufacturier officiel s’est établi à 49,8 en septembre, contre 49,4 en août, restant sous le seuil de croissance. Le secteur des services stagne également (PMI non manufacturier à 50,0), reflétant l’essoufflement de la consommation.
Les exportations constituent un rare point de soutien, mais elles restent soumises à la volatilité du commerce mondial et aux barrières tarifaires américaines. Les autorités ont privilégié des mesures ciblées (réductions fiscales locales, bons de consommation, injections de liquidités) plutôt qu’un stimulus massif.
La quatrième session plénière du Parti, prévue du 20 au 23 octobre, devrait définir les orientations du 15ème plan quinquennal, avec notamment le déploiement de 500 milliards de yuans d’outils financiers pour accélérer les investissements publics. Sur le plan international, les signaux d’ouverture se multiplient : relance des vols directs avec l’Inde, visa K pour attirer les jeunes talents, et avancées dans les négociations commerciales avec les États-Unis, centrées sur les achats agricoles.
Sur le plan technologique, la Chine continue d’affirmer ses ambitions : DeepSeek a lancé son modèle d’IA V3.2Exp à un tarif record, renforçant sa position sur la scène mondiale. Toutefois, le contraste entre cette dynamique d’innovation et la faiblesse persistante de la consommation domestique illustre une tension structurelle durable au cœur du modèle chinois.