Commentaire de marché - Août 2025

En août : marchés guidés par la politique monétaire et les incertitudes politiques

En août, les marchés financiers ont été guidés par les attentes en matière de politique monétaire et un climat d’incertitude politique, entraînant des évolutions contrastées selon les régions. Aux États-Unis, les actions ont bénéficié de résultats d’entreprises solides et du discours de Jerome Powell à Jackson Hole, qui a renforcé l’anticipation d’une première baisse des taux de la Réserve fédérale dès septembre. Les actions américaines ont ainsi progressé de 1,9% sur le mois. En revanche, les marchés européens – et en particulier la France – ont pâti d’un ralentissement économique persistant et de tensions politiques locales croissantes. Les actions françaises ont notamment reculé de 0,9% en août. Au global, les actions mondiales ont enregistré une hausse de 2,6%, toujours soutenues par un regain d’intérêt des investisseurs pour les actifs risqués.

Monde : reprise hétérogène et tensions persistantes

L’économie mondiale poursuit sa reprise, mais de manière inégale. Le secteur des services affiche une dynamique favorable et l’industrie se stabilise, surtout en Asie. À l’inverse, plusieurs économies développées subissent un ralentissement, pénalisées par une consommation modérée et un recul de l’investissement privé.

Les tensions géopolitiques restent un frein majeur à la confiance : le conflit en Europe de l’Est demeure sans issue et la rivalité stratégique en Asie-Pacifique continue de perturber les chaînes d’approvisionnement. Dans ce contexte, les conditions financières mondiales restent restrictives, malgré un assouplissement progressif en Europe et au Japon.

États-Unis : résilience économique et incertitudes politiques

À Jackson Hole, Jerome Powell a confirmé une baisse des taux en septembre, précisant que la Fed suivrait désormais de plus près l’évolution du marché de l’emploi. Si la révision à la baisse des créations d’emplois et les tensions inflationnistes compliquent l’équilibre entre stabilité des prix et plein emploi, ces annonces ont stabilisé les actifs américains. Nvidia a publié des résultats solides, confirmant la vigueur de la demande en intelligence artificielle, même si les valorisations élevées ont tempéré l’enthousiasme des investisseurs.

Les données conjoncturelles confirment la robustesse de l’économie : le chômage est toujours à un niveau faible à 4,2%, la consommation a soutenu l’activité, et le PMI des services s’est élevé à 55,4. L’inflation, en hausse à 2,6%, n’a pas empêché la Fed de laisser ses taux inchangés, privilégiant la stabilité financière.

Sur le plan politique, l’administration Trump poursuit une stratégie commerciale imprévisible. Les discussions avec l’Union européenne et le Japon stagnent, tandis que des mesures tarifaires temporaires sont régulièrement envisagées puis suspendues. La décision de justice invalidant les droits de douane « récipcoques » ouvre une bataille juridique devant la Cour suprême, accroissant l’incertitude budgétaire.

Sur le plan géopolitique, la rencontre entre Donald Trump et Vladimir Poutine en Alaska n’a pas permis de débloquer la situation en Ukraine. Toutefois, elle a ouvert la voie à des discussions sécuritaires, prolongées lors d’une réunion à Washington avec les dirigeants européens et Volodymyr Zelensky, autour d’un projet d’accord de paix intégrant notamment des achats massifs d’armements américains financés par l’Europe.

Zone euro : reprise fragile et tensions politiques

En Europe, les derniers indicateurs avancés PMI laissent entrevoir une timide amélioration conjoncturelle, en particulier dans l’industrie, même si la reprise demeure fragile et inégale. L’indice PMI composite s’est établi à 51,1 en août, contre 50,9 en juillet, confirmant un léger passage en zone d’expansion. Le secteur manufacturier, longtemps en retrait, retrouve enfin des couleurs avec un indice à 50,5 après 49,8 le mois précédent. En revanche, les services marquent le pas, ralentissant à 50,7 contre 51,0 en juillet, signe que la dynamique reste encore hésitante.

Le climat politique contribue à ces incertitudes. En France, le vote de confiance de François Bayrou début septembre fragilise la stabilité gouvernementale, accentuant les tensions sur les marchés obligataires. L’écart de taux entre la France et l’Allemagne s’est ainsi creusé, illustrant une perception accrue du risque politique. Sur le plan boursier, les banques françaises ont particulièrement souffert, affichant une nette sous-performance et entraînant dans leur sillage l’ensemble du marché parisien.

Chine : relance axée sur la consommation

En Chine, la conjoncture économique reste contrastée, marquée par des signaux mitigés entre soutien domestique et essoufflement de la demande. Les bénéfices industriels poursuivent leur repli, tandis que la consommation montre des signes d’essoufflement. Les importations ont néanmoins nettement progressé, à +4,1% en août contre +1,1% le mois précédent, reflet à la fois d’une demande intérieure résiliente et de mesures de soutien ciblées. En revanche, les ventes au détail n’ont augmenté que de 3,7% en juillet, après +4,8% en juin, confirmant un ralentissement de la consommation des ménages malgré les subventions locales destinées à stimuler certains secteurs. La production industrielle affiche également une dynamique moins robuste, en hausse de 5,7%, contre +6,8% le mois précédent.

Sur le plan commercial, un climat d’apaisement relatif avec les États-Unis se dessine, bien que des divergences structurelles persistent, notamment autour des transferts technologiques et de la sécurité des chaînes d’approvisionnement. Dans ce contexte, les exportations chinoises ont surpris par leur vigueur, progressant de 7,2%, après +5,8% le mois précédent, portées à la fois par la demande régionale et par une reprise sélective sur certains marchés émergents.