Commentaire de marché - Juin 2025

Les marchés actions mondiaux ont poursuivi leur dynamique positive en juin, soutenus notamment par des indicateurs macroéconomiques résilients et des anticipations de politique monétaire plus accommodantes dans certaines régions. Les actions américaines, ainsi que les marchés émergents se sont distingués par une nette surperformance par rapport aux actions européennes. Parallèlement, le dollar a poursuivi sa tendance baissière, pénalisé par la montée des anticipations de baisse des taux directeurs de la Réserve fédérale, renforçant ainsi les flux vers les actifs plus risqués.

Monde : des signes encourageants de redressement mais des tensions géopolitiques qui persistent

La croissance économique mondiale donne des signes encourageants de redressement, ce que montre l’amélioration récente des indicateurs avancés tels que les indices des directeurs d’achat (PMI), qui signalent une reprise progressive de l’activité dans plusieurs secteurs clés, notamment les services et, dans une moindre mesure, l’industrie manufacturière. Ce frémissement de l’économie mondiale s’explique en partie par une stabilisation de la demande intérieure dans certaines grandes économies et par une légère amélioration des échanges commerciaux dans certaines régions. Cependant, cette dynamique reste fragile et inégalement répartie. Plusieurs facteurs continuent de peser lourdement sur les perspectives de croissance à moyen terme. D’une part, l’environnement commercial mondial demeure incertain, en raison de négociations internationales complexes, d’un retour à certaines pratiques protectionnistes, et d’un manque de coordination entre les grandes puissances économiques.

D’autre part, les tensions géopolitiques – qu’il s’agisse des conflits persistants en Europe de l’Est, des rivalités croissantes en Asie-Pacifique ou des instabilités au Moyen-Orient – alimentent un climat d’instabilité, peu propice à l’investissement et à la confiance des entreprises. Enfin, les conditions financières restent globalement restrictives, malgré une inflexion récente de la politique monétaire dans certaines zones. Les taux d’intérêt, bien que stabilisés ou en légère baisse dans certains pays, demeurent à des niveaux élevés dans plusieurs grandes économies, ce qui freine l’accès au crédit pour les entreprises et les ménages

Etats-Unis : des négociations commerciales difficiles, mais peu de répercussions sur l’économie à ce stade

Aux États-Unis, les négociations commerciales avec plusieurs partenaires stratégiques – notamment l’Union européenne, le Japon, l’Inde et la Corée du Sud – se heurtent à de nombreux obstacles. Malgré des discussions prolongées, aucun accord concret n’a encore été conclu avec ces pays, en raison de divergences persistantes sur des sujets clés tels que l’accès aux marchés, les normes réglementaires ou encore les subventions industrielles.

La politique commerciale de Donald Trump apparaît de plus en plus incohérente et difficile à suivre. Les annonces successives manquent de clarté et de cohérence stratégique : les délais de signature ou de renégociation des accords sont sans cesse repoussés, les droits de douane sont tour à tour suspendus puis rétablis sans explication convaincante.

Cependant, les répercussions sur l’économie de la guerre tarifaire menée par les Etats-Unis restent encore peu perceptibles. Le taux de chômage continue de reculer (à 4,1%), la confiance des consommateurs s’est légèrement améliorée, et l’indice PMI des services a atteint son plus haut niveau en deux mois, à 52,3. Parallèlement, l’inflation demeure modérée, ce qui a conduit la Réserve fédérale (Fed) à maintenir ses taux directeurs inchangés pour la quatrième fois consécutive, en dépit des pressions exercées par Donald Trump, qui appelle à une baisse des taux afin de faire reculer le dollar et soutenir les exportations.

Zone euro : une amélioration notable de l’activité économique en Allemagne mais une demande globale atone

En zone euro, les indicateurs IFO signalent une amélioration de l’activité économique en Allemagne, avec un indice des attentes atteignant 90,7, contre 89,9 anticipés. En revanche, les indices PMI européens déçoivent : le PMI composite s’établit à 50,2, légèrement en dessous des 50,4 prévus. La France est particulièrement touchée, dans un climat politique tendu après l’échec du conclave sur les retraites. Le PMI manufacturier y recule à 47,8, bien en deçà des 49,8 attendus.

Du côté des prix, l’inflation en zone euro se rapproche progressivement de l’objectif de 2,0 % fixé par la Banque centrale européenne (BCE). Néanmoins, l’attention des membres de l’institution se porte désormais sur la faiblesse persistante de l’activité économique. L’atonie de la demande pourrait en effet exercer une pression déflationniste sur l’ensemble de la région. Dans ce contexte, la BCE a annoncé une nouvelle baisse de 0,25 % de son principal taux directeur, le taux de facilité de dépôts, qui passe de 2,25 % à 2,0 %. Il s’agit de la huitième réduction depuis le pic de 4,0 % enregistré en septembre 2023. Christine Lagarde a toutefois laissé entendre que le cycle de baisse des taux pourrait toucher à sa fin. L’incertitude reste forte quant à l’orientation future de la politique monétaire, dans un environnement marqué par des tensions commerciales et des perspectives économiques mondiales incertaines.

À court terme, ces tensions devraient peser sur l’investissement privé et les exportations. Toutefois, la progression des investissements publics et la résilience du marché du travail devraient soutenir la croissance et la consommation, contribuant à rendre l’économie « plus résistante face aux chocs mondiaux », selon la BCE.

Enfin, sur le plan géopolitique, les pays européens membres de l’OTAN, à l’exception de l’Espagne, se sont engagés à porter leurs budgets de défense à 5 % du PIB d’ici 2035. Dans cette dynamique, l’Allemagne prévoit d’atteindre un ratio de 3,5 % dès la fin 2025.

Chine : apaisement des tensions commerciales avec les Etats-Unis

Les tensions commerciales entre la Chine et les États-Unis se sont apaisées, un accord ayant été annoncé par la Maison Blanche concernant les exportations de terres rares. Les deux pays ont finalisé le cadre tarifaire convenu le mois dernier à Genève. Celui-ci prévoit un engagement de la Chine à assurer ses livraisons de terres rares, en contrepartie de la levée de certaines contre-mesures américaines.

Par ailleurs, le gouvernement chinois prévoit de lancer un programme de subventions locales, à l’échelle des comtés et des villes, pour stimuler la consommation entre juillet et décembre.

Sur le plan économique, la Chine a enregistré en mai une hausse des ventes au détail de 6,4 % en glissement annuel, dépassant les prévisions de 4,9 %, portée par l’effet d’entraînement du festival de shopping “618”. La production industrielle a progressé de 5,8 %, légèrement en dessous des attentes (6 %), tandis que l’investissement en actifs fixes a crû de 3,7 %, contre une prévision de 4 %.