Commentaire de gestion - Mars 2025

Le mois de mars a été particulièrement mouvementé sur le plan des relations commerciales internationales, avec une nette intensification des négociations après l’annonce par Donald Trump d’une nouvelle série significative de droits de douane. Ces mesures tarifaires, qui représentent une augmentation substantielle de 25% des droits existants, ciblent spécifiquement deux catégories distinctes d’importations : d’une part, les pays qui s’approvisionnent en hydrocarbures vénézuéliens (pétrole brut et gaz naturel), et d’autre part, le secteur automobile américain dans son ensemble. Cette perspective d’augmentation généralisée des prix à l’importation a exercé une pression continue et croissante sur le moral des consommateurs américains, comme le démontre clairement la dernière publication de l’indice de confiance du Conference Board, qui s’est fortement replié pour atteindre 92,9 points - un niveau qui n’avait plus été observé depuis janvier 2021. Face à cette situation économique complexe, la Réserve Fédérale américaine (FED) a opté pour une approche prudente en maintenant ses taux directeurs à leurs niveaux actuels, tout en laissant entrevoir la possibilité d’un assouplissement monétaire significatif, avec une potentielle réduction des coûts d’emprunt de l’ordre de 0,50% avant la fin de l’année en cours. Jerome Powell, qui préside actuellement la FED, a fait preuve d’une grande circonspection dans ses déclarations concernant la trajectoire et l’importance des futures baisses de taux. Il a notamment souligné la nécessité pour l’institution d’obtenir une vision plus claire et plus complète des répercussions économiques liées aux nouvelles orientations de la politique commerciale de Donald Trump avant d’entreprendre toute action significative. Dans ce climat d’incertitude, les responsables de la FED ont procédé à une révision substantielle de leurs projections économiques, abaissant leurs prévisions de croissance pour 2025 de 2,1% à 1,7%, tandis que leurs anticipations en matière d’inflation ont été revues à la hausse, passant de 2,5% à 2,7%.

Sur le continent européen, l’actualité économique a été dominée par une initiative majeure du gouvernement allemand, qui s’est engagé dans un programme d’investissement d’une ampleur sans précédent dans l’histoire récente du pays. Berlin, rompant avec sa traditionnelle orthodoxie budgétaire, a dévoilé une série de mesures innovantes permettant de contourner les contraintes imposées par la règle constitutionnelle du frein à l’endettement. L’envergure de ces nouvelles dispositions est considérable, puisqu’elles devraient permettre une augmentation substantielle des dépenses publiques, particulièrement dans les secteurs de la défense et des infrastructures, pour un montant total estimé à approximativement 1000 milliards d’euros répartis sur les dix prochaines années. Les effets positifs de ce plan de relance ambitieux se sont rapidement manifestés dans les indicateurs économiques, notamment à travers une amélioration notable de l’indice IFO du climat des affaires en Allemagne, qui a progressé de 85,3 à 86,7 points d’un mois sur l’autre. De même, l’indice PMI manufacturier allemand a affiché un rebond encourageant à 48,3, dépassant les attentes qui le situaient à 47,0, bien que demeurant toujours en territoire de contraction. Dans ce contexte économique en évolution, la Banque centrale européenne (BCE) a poursuivi son cycle d’assouplissement monétaire en procédant à sa sixième baisse consécutive des taux directeurs depuis le mois de juin, tout en signalant clairement que cette phase de sa politique monétaire touchait probablement à sa fin, compte tenu de la stabilisation progressive de l’inflation et de la persistance des défis géopolitiques auxquels l’économie européenne reste confrontée. Cette inflexion dans le discours de la BCE laisse présager un ralentissement marqué, voire une suspension temporaire des futures baisses de taux, alors que le processus de désinflation pourrait se trouver compromis par l’impact des nouvelles barrières douanières américaines, et que les différents plans de relance européens pourraient avoir des effets contradictoires, contribuant simultanément à l’alourdissement des dettes publiques et à la stimulation de l’activité économique.

Du côté de l’Asie, la Chine a présenté sa stratégie économique détaillée pour l’année 2025, réaffirmant avec force son objectif ambitieux de croissance fixé à 5%, une décision qui témoigne de la confiance des autorités dans la résilience de l’économie nationale. Le gouvernement de Pékin a clairement indiqué son intention de maintenir et même de renforcer ses mesures de soutien à l’activité économique, dans le but explicite de neutraliser les effets négatifs des tensions commerciales internationales. Cette stratégie met particulièrement l’accent sur la stimulation de la consommation des ménages chinois, notamment à travers le déploiement d’un programme étendu d’aides financières destinées à stimuler les achats de produits électroménagers et électroniques neufs.

Les décisions unilatérales et imprévisibles du président américain, qui instrumentalise les droits de douane à des fins politiques, ont lourdement pesé sur la performance des actions internationales. Ces dernières ont chuté de 7,6 % sur le mois, un repli qui a touché l’ensemble des zones géographiques. Depuis le début de l’année, l’écart de performance entre les actions de la zone euro et américaines s’est encore accentué, atteignant 16,1 % à fin mars. Cet écart nous semble désormais excessif, c’est pourquoi nous avons supprimé notre position tactique sur les actions de la zone euro initiée en début d’année dans nos indices de référence. Nous maintenons, en revanche, notre exposition au secteur des valeurs financières internationales, qui pourraient bénéficier de la politique inflationniste menée par Donald Trump. Dans notre poche obligataire, nous avons également renforcé nos positions internationales (couvertes contre le risque de change) afin de profiter de leur portage plus attractif comparé aux obligations européennes.