Commentaire de gestion - Janvier 2025

La croissance américaine s’est établie à 2,3 % en glissement annuel, soutenue principalement par la vigueur persistante de la consommation des ménages et la résilience du marché de l’emploi. Toutefois, l’horizon économique s’assombrit quelque peu avec les projets ambitieux de l’administration Trump qui envisage une restructuration majeure des dépenses publiques et une réduction significative de l’appareil administratif fédéral. Ces mesures, si elles sont mises en œuvre, pourraient avoir des répercussions sur l’activité économique et le marché du travail américain. Cette perspective se reflète notamment dans l’indice de confiance des consommateurs de l’université du Michigan qui accuse un repli pour le deuxième mois consécutif (à 71,1 contre 74,0 le mois dernier), traduisant des préoccupations grandissantes concernant la stabilité du marché du travail, la persistance de pressions inflationnistes et le maintien prolongé de taux d’intérêt élevés. Dans ce contexte complexe, la Réserve Fédérale (FED) a néanmoins choisi de maintenir le cap de sa politique monétaire actuelle, estimant que le niveau des taux directeurs restait approprié compte tenu de la résilience sous-jacente de l’économie et d’une inflation qui demeure au-dessus des objectifs.

Sur le front technologique, DeepSeek, une start-up chinoise prometteuse, a créé une onde de choc dans l’industrie en dévoilant des avancées particulièrement significatives dans le domaine de l’intelligence artificielle générative. Ses innovations ne se limitent pas uniquement aux aspects techniques, mais démontrent également une optimisation remarquable des coûts de développement et d’exploitation, ouvrant la voie à des alternatives plus accessibles aux solutions actuellement dominantes sur le marché. L’impact de cette annonce a été d’autant plus retentissant qu’elle intervient dans un contexte où Donald Trump venait tout juste de dévoiler un ambitieux programme d’investissement de 500 milliards de dollars destiné à la construction d’infrastructures de données nouvelle génération pour l’intelligence artificielle sur le sol américain - le projet Stargate. Cette nouvelle donne a particulièrement ébranlé la position de Nvidia, jusqu’alors considéré comme le leader incontesté du secteur. Cependant, malgré les inquiétudes initiales, cette intensification de la concurrence internationale pourrait, sur le long terme, s’avérer bénéfique pour l’écosystème technologique américain en catalysant l’innovation, en accélérant le développement de nouvelles solutions et en contribuant à une réduction générale des coûts dans l’industrie.

De l’autre côté de l’Atlantique, la Banque centrale européenne (BCE) a abaissé ses taux directeurs de 0,25 %, marquant sa quatrième baisse consécutive. Bien que l’inflation stagne depuis plusieurs mois, elle s’approche de l’objectif de la BCE. L’institution a d’ailleurs précisé dans un communiqué que « le processus de désinflation est en bonne voie », la hausse des prix devant revenir à 2,0 % « dans le courant de l’année ». Cette baisse des taux vise principalement à soutenir la croissance, particulièrement atone avec 0 % au quatrième trimestre 2024. La situation économique de la zone euro présente des disparités notables : l’Allemagne et la France, les deux plus grandes économies, pèsent négativement sur la dynamique globale en raison d’une instabilité politique et de défis structurels. En revanche, les pays périphériques affichent une trajectoire économique plus favorable, portée notamment par une activité touristique vigoureuse. Le gouvernement espagnol a notamment relevé sa prévision de croissance du produit intérieur brut (PIB) pour 2025 à 2,6 %, tandis que la BCE ne prévoit que 1,3 % de croissance pour l’ensemble de la zone euro. Un élément encourageant mérite d’être souligné : le PMI composite de la zone euro, indicateur clé de l’activité économique, est repassé en territoire d’expansion pour la première fois depuis août 2024. En atteignant le niveau symbolique de 50,2, il marque une potentielle inflexion positive dans la dynamique économique de la région.

En Chine, les indicateurs PMI manufacturier et non manufacturier de janvier ont à nouveau montré des signes de ralentissement économique, s’établissant respectivement à 49,1 et 50,2, des niveaux qui témoignent d’une contraction dans le secteur manufacturier et d’une expansion limitée dans les services. Face à cette situation économique délicate, les autorités chinoises continuent à déployer un arsenal de mesures de soutien destinées à stimuler l’activité. La Commission de réglementation des valeurs mobilières de Chine (CSR) a notamment lancé des initiatives stratégiques visant à encourager l’investissement des fonds de pension dans les marchés actions, une démarche qui s’inscrit dans une volonté plus large de dynamiser les marchés financiers domestiques. Malgré ces défis conjoncturels, la croissance du PIB au quatrième trimestre a atteint 5,4 % en glissement annuel, une performance largement soutenue par le dynamisme du commerce extérieur. Ce dernier a enregistré une progression significative de 5,0 % par rapport à l’année précédente, culminant à un niveau historique de 43 850 milliards de yuans (soit approximativement 5 841 milliards d’euros), illustrant ainsi la capacité de l’économie chinoise à maintenir sa compétitivité sur les marchés internationaux. Dans le domaine technologique, l’émergence prometteuse de Deepseek, bien que l’entreprise doive encore confirmer son potentiel sur le long terme, constitue une illustration éloquente des avancées considérables de la Chine dans le secteur stratégique de l’intelligence artificielle. Cette montée en puissance technologique souligne l’ambition croissante du pays de se positionner comme un concurrent direct des États-Unis dans le domaine de l’innovation de pointe, une ambition qui s’inscrit dans une stratégie nationale plus large de modernisation industrielle et technologique.

Les actions de la zone euro ont continué leur rattrapage en ce début d’année, affichant une hausse de 7,3 % sur le mois de janvier. Les actions américaines n’ont, elles, progressé que de 2,6 % (libellées en euros), pénalisées par le recul du secteur technologique faisant suite aux avancées de Deepseek en matière d’intelligence artificielle. Dans ce contexte, nous maintenons notre pari tactique sur les actions de la zone euro dans nos indices de référence. En effet, ce rattrapage — qui ne constitue pas selon nous une tendance durable — pourrait se prolonger, étant donné l’important écart de valorisation qui s’est creusé l’année dernière avec les actions américaines. En revanche, nous avons réduit notre exposition aux valeurs technologiques. L’épisode Deepseek illustre la sensibilité de ces valeurs aux nouvelles défavorables, dans un contexte de valorisations élevées après plusieurs années de performances solides. Nous conservons notre positionnement sur le secteur des valeurs financières internationales, qui devraient bénéficier de la politique expansionniste et inflationniste menée par Donald Trump. Dans notre poche obligataire, nous avons pris des positions internationales (couvertes contre le risque de change) pour profiter du portage plus attractif qu’elles offrent par rapport aux obligations européennes.