Commentaire de gestion - Décembre 2024

En France, une période d’incertitude politique majeure s’est installée après la motion de censure votée par l’opposition et entraînant la démission du gouvernement Barnier. Les marchés ont peu réagi à cette annonce qui avait été largement anticipée par les investisseurs. Les actions françaises étaient déjà en baisse depuis le début de l’année et les taux souverains à 10 ans entre la France et l’Allemagne s’étaient écartés à des niveaux historiques. La France se trouve désormais dans une position où elle emprunte au même taux que la Grèce, un indicateur révélateur de la nervosité des marchés. Cette situation est d’autant plus complexe que, même dans l’hypothèse où Emmanuel Macron parviendrait à nommer un gouvernement technique, aucune garantie n’existe quant à la capacité de ce dernier à faire adopter un nouveau texte budgétaire, d’autant plus que l’organisation de nouvelles élections législatives s’avère impossible avant la période estivale de l’année prochaine. L’impact de ces tensions politiques se fait déjà ressentir de manière tangible sur le moral des acteurs économiques, particulièrement visible dans la confiance des directeurs d’achats, comme le démontre clairement l’indice PMI composite de la zone euro qui s’est significativement détérioré pour atteindre un niveau préoccupant de 48,1, signalant une entrée en zone de contraction. Dans ce contexte économique, l’inflation en zone euro a continué sa trajectoire baissière pour s’établir à 2,3% en glissement annuel, ce qui offre à la Banque centrale européenne (BCE) la latitude nécessaire pour poursuivre l’assouplissement progressif de sa politique monétaire.

Contrairement à l’Europe, l’activité économique aux États-Unis fait preuve d’une résilience particulièrement remarquable, démontrant avec force la vigueur persistante et la dynamique positive de la première économie mondiale. Les indicateurs économiques récents viennent confirmer cette tendance encourageante : les dépenses de consommation des ménages américains ont progressé de manière significative de 0,4 % et l’indicateur PMI des services s’est élevé à 57, son plus haut niveau depuis plus de deux ans et demi. Sur le front de l’inflation, l’indice PCE (Personal Consumption Expenditures), qui constitue l’indicateur privilégié par la Réserve Fédérale pour mesurer avec précision l’évolution des prix à la consommation, a enregistré un rebond notable pour atteindre 2,3 % sur un an. Cette reprise de l’inflation, si elle venait à se confirmer et à se maintenir dans les mois à venir, pourrait significativement influencer la trajectoire de la politique monétaire américaine, notamment en ralentissant le cycle de baisse des taux directeurs amorcé par la FED en septembre — un cycle qui avait été initialement mis en place dans un contexte marqué par une baisse générale des prix à la consommation et un ralentissement progressif du marché de l’emploi. L’orientation politique de Donald Trump est en effet susceptible d’engendrer de nouvelles tensions significatives sur les prix à travers plusieurs canaux : d’une part, via l’augmentation substantielle des droits de douane sur les importations, qui pourrait directement impacter les coûts des biens de consommation, et d’autre part, à travers son projet ambitieux de restriction de l’immigration, qui pourrait créer des tensions sur le marché du travail et potentiellement exercer une pression à la hausse sur les salaires.

Les propositions de Donald Trump en matière de droits de douane devraient avoir un impact significatif sur l’économie mondiale, avec des répercussions particulièrement marquées sur l’activité économique chinoise. L’augmentation substantielle envisagée de 60 % des droits de douane sur les importations chinoises constituerait un choc majeur pour les échanges commerciaux internationaux, qui réduirait le volume des importations américaines en provenance de Chine. Cette mesure protectionniste aurait des conséquences particulièrement sévères sur l’économie chinoise, d’autant plus que les exportations vers les États-Unis représentent une composante essentielle de son produit intérieur brut et un moteur historique de sa croissance économique. Cette perspective est d’autant plus inquiétante que l’économie chinoise traverse actuellement une période de vulnérabilité accrue, caractérisée par une crise profonde de son secteur immobilier et une atonie persistante de sa demande intérieure. Face à cette accumulation de défis économiques, la Banque Centrale chinoise s’est vue contrainte d’adopter une réponse d’une ampleur exceptionnelle, en annonçant le plan de relance le plus ambitieux et le plus complet depuis la crise financière mondiale de 2008.

Le contraste entre la résilience de l’économie américaine d’un côté, la faiblesse de l’activité en zone euro et le ralentissement en Chine d’un autre côté, se reflète nettement dans les marchés boursiers. En novembre, l’écart de performance s’est en effet nettement creusé : les actions américaines (libellées en euros) ont progressé de 6,3 %, alors que celles de la zone euro et des marchés émergents ont reculé respectivement de 2,1 % et 2,9 %. Dans ce contexte, nous avons maintenu une forte exposition aux Etats-Unis au sein de la poche actions de nos portefeuilles de référence. Nous avons, par ailleurs, augmenté leur exposition aux secteurs des valeurs technologiques et financières qui pourraient bénéficier de la politique expansionniste et inflationniste menée par Donald Trump.