Commentaire de gestion - Octobre 2024

L’activité économique de la zone euro s’est contractée de manière inattendue en septembre. Cette contraction est due à la stagnation du secteur des services et à l’aggravation du ralentissement dans l’industrie manufacturière. Le déclin est généralisé : l’Allemagne, la plus grande économie de la zone, a vu sa situation s’aggraver, tandis que la France est retombée en territoire de contraction après le bref rebond lié aux Jeux olympiques de Paris en août. En conséquence, la croissance économique de la zone euro pour le deuxième trimestre 2024 a été légèrement révisée à la baisse, à 0,2 %. L’inflation, quant à elle, a poursuivi son ralentissement, atteignant 2,2 %. Elle est même passée sous la cible de 2 % de la Banque centrale européenne (BCE) en France et en Allemagne, coïncidant avec un ralentissement des hausses salariales. Face à cette situation, la BCE a logiquement procédé à une deuxième baisse de ses taux directeurs et devrait poursuivre son cycle d’assouplissement monétaire afin de lutter contre une croissance atone. Par ailleurs, la présidente de la BCE, Christine Lagarde, a appelé les gouvernements de la zone euro à lancer les réformes en vue de réduire leurs déficits budgétaires, sept États membres de l’Union européenne (UE) ayant dépassé la limite des 3% de déficit public fixée par le Pacte de stabilité et de croissance.

Aux États-Unis, les indicateurs avancés ont de nouveau révélé une dichotomie entre l’activité industrielle en contraction et le secteur des services remarquablement résilient. Dans ce contexte, l’inflation globale a certes baissé à 2,5 % sur un an (contre 2,9 % le mois précédent), mais l’inflation sous-jacente — excluant les prix volatils de l’énergie et de l’alimentation — est restée stable à 3,2 % sur un an, avec une hausse mensuelle de 0,3 % (contre 0,2 % précédemment). Malgré cela, la Réserve Fédérale américaine (FED) a décidé de réduire ses taux directeurs de 0,5% lors de sa réunion du 18 septembre. Par cet ajustement rapide de sa politique monétaire, la FED considère que les risques sont désormais équilibrés entre l’atteinte de son objectif d’inflation et le soutien de l’activité économique. Elle a également mis en avant la détérioration du marché de l’emploi, devenu un indicateur crucial pour les investisseurs, tout en maintenant un scénario d’« atterrissage en douceur » de l’économie.

En Chine, face à des données macroéconomiques peu encourageantes et un objectif de croissance annuelle d’environ 5 % qui semble de plus en plus optimiste, la Banque centrale a annoncé une série de mesures. Elle a notamment baissé le taux pour les prêts à moyen terme aux établissements financiers (MLF) de 2,3 % à 2 %, le portant à son plus bas niveau historique. Cette baisse s’est accompagnée de l’injection de 300 milliards de yuans (38 milliards d’euros) dans l’économie, pour pallier le manque de liquidités qui freine l’activité. Cette annonce témoigne de l’inquiétude croissante des dirigeants chinois face à la situation économique. La veille, la Banque centrale avait déjà dévoilé des mesures de soutien à la consommation et à l’immobilier sans précédent depuis la sortie de la crise du Covid, dans l’espoir de stimuler l’activité de la deuxième économie mondiale. Parmi ces mesures figurent de prochaines réductions des taux directeurs et des taux pour les prêts. Selon le gouverneur Pan Gongsheng, elles devraient injecter à long terme quelque 1 000 milliards de yuans dans l’économie chinoise, soit environ 127 milliards d’euros.

La perspective d’une baisse des taux directeurs qui va se poursuivre dans la plupart des pays développés a de nouveau bénéficié aux actions internationales qui se sont appréciées de 1,5% sur le mois, avec une nette sur-performance des actions émergentes qui ont rebondi de 5,4% avec les annonces des différents plans de relance en Chine. Dans ce contexte, nous avons maintenu une position neutre dans nos portefeuilles, c’est-à-dire une exposition de 50 % aux actions et de 50 % aux obligations dans une allocation équilibrée. Aux Etats-Unis, les craintes de récession se sont dissipées en faveur du scénario d’un atterrissage en douceur de l’économie mais la valorisation des actions est relativement élevée. En Europe, la croissance reste atone, fragilisée notamment par le ralentissement de la Chine et les incertitudes politiques en France. Nous avons, par ailleurs, légèrement augmenté la sensibilité aux taux de la poche obligataire (duration) en prévision de nouvelles baisses des taux directeurs dans la plupart des pays développés.